Pathogénie d'une dermatophytose (Trichophyton rubrum) sur épiderme humain reconstruit

PhD thesis defended by Emilie FAWAY (Prof. Yves POUMAY) - 07/03/2018
Promoter

Prof. Yves POUMAY, UNamur, Molecular Physiology Research Unit (URPhyM), Cell and Tissue Laboratory (LabCeTi)

Jury

Membres du jury extérieur : Prof. Véronique DEL MARMOL, Université Libre de Bruxelles ; Dr. Nathalie JONCA, CNRS, Université de Toulouse, France ; Prof. Bernard MIGNON, Université de Liège, Prof. Michel MONOD, CHUV Lausanne, Suisse.

Membres Université Namur : Prof. Xavier DE BOLLE, Faculté des Sciences ; Dr. Catherine LAMBERT de ROUVROIT, Faculté de médecine ; Prof. Yves POUMAY, PROMOTEUR, Faculté de médecine.

Summary

Les dermatophytoses, aussi appelées « teignes », sont des lésions affectant la couche superficielle de l’épiderme, les ongles et les cheveux, provoquées par des champignons filamenteux kératinophiles et kératinolytiques appelés dermatophytes. Leur prévalence chez l’homme est estimée entre 20 et 25% et continue d’augmenter, surtout au sein de populations à risque comme les sportifs ou les patients diabétiques. L’espèce anthropophile Trichophyton rubrum est responsable de 90% des infections chez l’homme. Bien que les dermatophytoses ne mettent pas la vie en danger, elles provoquent douleur et inconfort. Le traitement par des molécules antifongiques est efficace, mais il est long, coûteux et peut s’accompagner d’effets indésirables. De plus, il ne protège pas contre les réinfections pourtant fréquentes. Dans ce contexte, la mise au point d’un traitement préventif, à destination des populations à risque, représenterait une avancée dans le contrôle des dermatophytoses. À ce jour, le développement d’un tel traitement est limité par le manque de connaissances concernant la biologie des dermatophytes, les mécanismes impliqués dans l’infection et la mise en place d’une réponse immunitaire efficace anti-dermatophytes.

Au cours de ce travail, la mise au point d’un modèle in vitro d’infection sur épiderme humain reconstruit (RHE) a permis l’étude du développement de la dermatophytose cutanée et de la mise en place des réponses immunes du tissu.

Premièrement, un modèle d’infection par les arthrospores du dermatophyte T. rubrum sur RHE a été développé. L’étude des mécanismes d’adhérence des arthrospores à l’épiderme a révélé l’implication probable de la protéase fongique de type subtilisine Sub3 dans cette étape du cycle d’infection. La germination des arthrospores se produit dans les premières heures suivant l’infection et les hyphes qui en résultent envahissent le tissu par progression dans les espaces intercellulaires. Par ailleurs, l’application topique de miconazole, un antifongique largement utilisé, inhibe le développement de l’infection sur les RHE. Le modèle est donc un outil valide pour tester l’efficacité de candidats antifongiques.

Dans une seconde partie, les modifications du tissu épidermique ainsi que la réponse des kératinocytes face à l’infection ont été étudiées. Après quatre jours, l’infection des RHE résulte en une rupture de la barrière épidermique, parallèlement à une perturbation des jonctions étanches. Au même moment, les kératinocytes produisent et libèrent différentes cytokines pro-inflammatoires et peptides antimicrobiens, destinés à recruter le système immunitaire pour combattre l’infection. La survenue simultanée de ces deux événements suggère une relation de cause à effet.

En conclusion, ce travail a permis l’étude de la pathogénie de la dermatophytose à T. rubrum au moyen d’un modèle d’épiderme humain reconstruit in vitro. Le modèle et les outils mis au point devraient permettre d’approfondir davantage la compréhension des mécanismes impliqués dans l’infection et dans la réponse de l’hôte.